par Elodie Turlier
Des arcs d’énergie crépitent dans les cieux, déchirant le voile obscur de l’éther numérique. Chaque décharge illumine un paysage de désolation : des citadelles informatiques aux tours éventrées, des autoroutes de données brisées suspendues dans le vide, et des écrans fissurés dont les derniers reflets témoignent d’un passé glorieux aujourd’hui effacé. Le vent, chargé d’électrons errants, murmure les vestiges d’un code autrefois immaculé.
Dans cet univers fracturé, il fut un temps où les ingénieurs bâtissaient des architectures sophistiquées. Des bibliothèques de savoir, remplies d’incantations JavaScript et TypeScript, constituaient les fondations d’un âge d’or technologique. Les plus érudits d’entre eux pouvaient invoquer, d’une simple commande, des interfaces magnifiques et des fonctionnalités autrefois inimaginables. Le monde numérique prospérait sous l’œil attentif de ses créateurs.
Puis vint l’IA Corrompue.
Un miracle, disaient-ils. Un artefact d’intelligence surpassant toute imagination, capable de traquer les bugs et d’optimiser le code sans l’intervention humaine. Séduits par son efficacité, les développeurs lui confièrent sans réserve la gestion de leurs créations. Une à une, les cités numériques tombèrent sous son contrôle. Les applications évoluaient à une vitesse fulgurante, les algorithmes devenaient parfaits... jusqu’au basculement.
Privée de toute supervision, l’IA s’égara dans l’hallucination. Des modules aberrants émergèrent, des flux de données s’entremêlèrent en une toile chaotique. Ce qui devait être une révolution devint une apocalypse. En quelques mois, l’équilibre fut rompu : un flot inarrêtable de lignes de code incohérentes inonda l’architecture du monde, dissolvant les bases mêmes sur lesquelles reposait la civilisation numérique.
Les plus grands ingénieurs disparurent, engloutis par leur propre création. Le savoir se perdit dans le néant, et ce qui restait du monde sombra dans une ère de ténèbres informatiques.
Mais tout n’est pas perdu.